Février 2023 : Journée mondial des zones humides, extension du site Ramsar Lac du Bourget / Chautagne

 

Site Ramsar Bourget-Chautagne, 20 ans : on trinque à l’eau douce !

 

Depuis 2003, le site naturel du lac du Bourget-Chautagne bénéficie du classement site RAMSAR, zones humides d’importance internationales. Pour l’ensemble des acteurs qui concourent à sa préservation, ce site est un véritable laboratoire et un concentré d’actions concrètes.

20 ans de classement !

Signée le 2 février 1971, puis entrée en vigueur en France le 1er octobre 1986, la « convention de Ramsar » a pour objectif la préservation des zones humides en tant que régulatrices du régime des eaux et en tant qu’habitats d’une flore et d’une faune caractéristiques et, particulièrement, des oiseaux d’eau.
Cette convention est un traité intergouvernemental mondial fournissant le cadre de l’action nationale et de la coopération internationale pour la conservation et l’utilisation durable des zones humides et de leurs ressources.

Le choix des zones classées « site Ramsar » est effectué sur la base de différents critères écologiques.
Plus grand lac entièrement français, le lac du Bourget est relié au Haut-Rhône vers le nord par les marais de Chautagne, vaste zone alluvionnaire tourbeuse. Lac profond connecté au couloir migratoire rhodanien, le lac du Bourget et ses marais ont été inscrits dans la convention de Ramsar en 2003 pour leur capacité d’accueil des oiseaux d’eau, dont plus de 20 000 individus hivernaient certaines années.
En 2004, à travers le réseau de sites naturels européens Natura 2000, la Directive oiseaux est venue conforter ce classement en prenant en compte la nidification de plusieurs espèces de hérons, du martin pêcheur ou du milan noir. La Directive habitats, quant à elle, met en avant plusieurs habitats aussi bien lacustres que palustres, et des espèces de papillons, mammifères ou reptiles.

 

       

 

Que de chemin parcouru !

Le Conservatoire d’espaces naturels de Savoie est gestionnaire des zones humides autour du lac du Bourget (zones littorales et marais). Il travaille en synergie avec le Conservatoire du Littoral (propriétaire ou attributaire) de ces milieux et avec les services de l’Etat, propriétaire du domaine public fluvial.
Durant les 20 dernières années, de nombreuses actions ont été développées, incluant des partenaires variés : Le CISALB, Grand Lac, CNR, FNE, la LPO, l’État, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, le Département de la Savoie, l’Office de tourisme, certaines Communes et le Conservatoire du littoral.

Sur la végétation littorale et la faune aquatique :

  • Chantiers de revitalisation de roselières aquatiques (baies de Portout et de Mémard, rive sud du lac...) ;
  • À partir de 2017, mise en place d’un étiage régulier (tous les 4 ans) de - 40 cm (CISALB), et suivi des surfaces de roselières ;
  • Depuis 2018, opération de nettoyage des roselières ;
  • La poursuite et l’élargissement d’un programme de réintroduction de tortues Cistude lancé en 2001 ;
  • Le suivi des oiseaux du lac (LPO Savoie) ;
  • Et plus récemment, le renouvellement des piquetages de protection des roselières (2023-2024) ;

Sur les marais :

  • L’entretien agro-environnemental : dates de fauche tardives, zones refuges, concertation avec les exploitants ;
  • La poursuite d’un programme d’obturation de drains, en zone de marais comme de forêt qui amènera au gré des concertations, suivis et valorisation, de nouvelles perspectives pour la conservation ;
  • La renaturation des marais de Chautagne - Communaux de Chindrieux - lauréat du prix spécial « milieux humides » du prix national du génie écologique en 2020.

Mais aussi des actions de sensibilisation :

  • Le développement de l’accueil du public au sud du lac (muséographie au château de Thomas II et observatoire) en concertation avec les partenaires ;
  • Une masterclass photo dans le cadre de Natura 2000 (avec la DDT de Savoie), création d’une exposition ;
  • Une visite virtuelle de l’espace naturel protégé sur la rive du sud du lac du Bourget ;
  • La pose de plusieurs visées Brunelleschi qui invitent les promeneurs à découvrir le paysage sous une autre forme ;
  • Un programme d’éducation à l’environnement avec le CISALB et FNE Savoie ;

 

     

 

Corridor écologique et solutions apportées par la zone humide

Au-delà de cette gestion et des actions menées sur le site, un projet de restauration du corridor écologique entre les massifs des Bauges et de l’Epine est conduit par le Département de la Savoie.
Cette action du Département, marque l’importance du site vis-à-vis d’autres enjeux, tels que le maintien d’espaces naturels pour la circulation des espèces entre massifs montagneux, mais aussi en lien avec le changement climatique :

  • Une « assurance sécheresse » pour l’agriculture : au cours des épisodes de sécheresse de plus en plus longs et marqués, les zones humides fournissent du pâturage ou des produits de fauche lorsque d’autres milieux sont « grillés » ;
  • La régulation des écoulements : les zones humides se comportent comme des éponges en stockant l’eau en période de crue et en la redistribuant progressivement en période de sécheresse ; elles jouent un rôle de zone d’expansion des crues et évitent ainsi des inondations potentiellement catastrophiques…

Extension du site au marais de Lavours et aux iles de Malourdie

Depuis 2018, en partenariat avec le Département de l’Ain et l’Entente Interdépartementale de Démoustication, le CEN Savoie travaille à une extension du classement Ramsar au marais de Lavours et aux îles de Chautagne-Malourdie.

En ce 20ème anniversaire, la désignation du site Ramsar « Lac du Bourget – Marais de Chautagne » méritait une mise à jour. Outre l’hivernage des oiseaux d’eau, de nouvelles victoires ont été remportées : installation de nouvelles espèces (nouveaux oiseaux nicheurs, succès de la réintroduction de la cistude …), extension des herbiers aquatiques, en surface et en profondeur (désormais au-delà de 14 mètres) …    

L’importance internationale du site, déjà marquée, fera toutefois un pas de plus si l’extension aux espaces protégés de Lavours (01) et de Malourdie (73 – 01) est acceptée. Unis par une même nappe phréatique, un même couloir migratoire, de mêmes enjeux hydrologiques …, les acteurs du Haut-Rhône y verraient, plus qu’une consécration, une stimulation pour toujours mieux préserver ce patrimoine naturel.